Fragment de vie
Damien Millet
Il y a dans mes tableaux une soif de couleurs, multiples, contrastées, une recherche de gammes colorées, aussi étendue que la vie peut l’être. Quand je prépare mes couleurs, quand mon pinceau tourne dans le pot et que mon regard s’abandonne à son mouvement hypnotique, je ne fais plus qu’un avec les couleurs. C’est comme si elles rentraient en moi et que les associations, les contrastes, les intensités devenaient une évidence. Peindre devient alors un état, un moment figé où le temps s’arrête. Parfois je me demande si cet état a un lien, une similitude avec la prière. Est-ce que peindre le sang en ne faisant qu’un avec le rouge que l’on applique sur la toile est une façon de partager un peu de la souffrance de la nature humaine et en diminuer ses effets ? Est-ce que la contemplation des vibrations émises par du vert, du rose, du jaune peuvent nous transmettre de l’énergie de vie ? Est-ce qu’un bleu profond peu nous apaiser, nous apporter du réconfort ? Oui, je le crois ou plutôt oui je le ressens. Je ressens le pouvoir vibratoire et universel de la couleur. C’est la matière la plus évidente de mon travail, c’est celle qui saute aux yeux, mais c’est loin d’être la seule.
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